Compte-Rendu 2021 (suite et fin)

Bocca crucetta
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur pinterest

De report en annulation, de préparations soumises aux aléas en réponses différées,  qu’elle a été longue et difficile la gestation de cette édition 2021 !
Aussi, quel plaisir de voir converger vers Corte tous ces coureurs et tous ces bénévoles, avec une participation, certes en retrait par rapport à 2019, mais qui dépasse légèrement les 1300 inscrits (coureurs et marcheurs) sans oublier plus de 220 personnes qui, au long de ces 3 jours et nuits, vont accueillir, aiguiller, sustenter, cajoler, abreuver, informer, photographier, encourager, …, tous les concurrents, du premier au dernier.
Et quelle récompense de voir les premières foulées des ultra-trailers qui s’élancent sur les coups de 23 heures en ce jeudi 8 juillet.
Et quel bonheur de voir débouler sur le cours Paoli, Jean-François Hautin, fidèle au rendez-vous, à 15h40, en avance de 2 minutes sur son temps de 2019 !
Et  quelle satisfaction de voir les deux derniers concurrents du Restonica Trail passer la ligne d’arrivée avec les serre-files, 2 minutes après minuit, ce samedi 10, pardon, ce dimanche 11 juillet.

Mais revenons à la course, ou plutôt aux courses !

Ultra-Trail® di Corsica 2021 : le millésime Hautin

Jean-François Hautin vient de franchir Bocca Crucette

22h30, les coureurs se regroupent dans les jardins de la mairie, écoutent les derniers conseils de l’organisation, boivent les paroles de Lambert Santelli, le vainqueur de la dernière édition, auréolé de son récent record du GR20, qui est venu les encourager. 23h, musique et fumigènes, le bandeau des coureurs s’étire sur le cours Paoli, s’allonge dans la Scolisca et les frontales forment un long cordon lumineux dans la montée nocturne vers l’Arche des Scandulaghju.

Tout de suite, 4 coureurs se détachent, emmenés par les deux « poulains » de Lambert Santelli, Fred Callier et Jean-François Hautin (nous dirons Fred et Jeff pour la suite), accompagnés des deux frères suisses Jules-Henri et Candide Gabioud. Au premier pointage, à Padule, ils possèdent déjà 8 minutes d’avance sur Titouan Honnart, Pascal Capdevila (l’homme en sandales qui abandonnera à Calacuccia et reviendra le samedi pour une belle course sur le Tavignanu Trail), Jean-Marc Laving et Sébastien Jacquemin.
Au bout de la piste roulante, Fred et Jeff ont décroché les 2 frères suisses de près de 5 minutes, à ¼ h, on trouve Sébastien Jacquemin et le slovène Jan Bozič qui en avait gardé sous la semelle pendant la montée, un peu plus loin Jean-Luc Andreani. Est-ce dans la descente technique vers la Sega, est-ce en remontant le Tavignano, seuls les deux concernés pourraient nous le dire, toujours est-il qu’à Pinadello, avant de remonter vers la ligne de crête entre Tavignanu et Golu, Jeff est devant Fred avec un peu plus de 5 minutes d’avance : Aucun autre concurrent ne les reverra avant la ligne d’arrivée.

Fred Callier monte vers Bocca Crucette

A Calacuccia, puis Bocca Crucette, les choses semblent bien établies avec Jef, Fred et les frères Gabioud, puis Renaud Joly, Jan Bozič, Fabian Magnee, habitué du plat pays et le retour de Yoann Garault. Il en va ainsi jusqu’à Vergio, avec des écarts qui se creusent progressivement.

Gabioud vient de franchir Bocca Crucette

Dans la montée vers le Col St Pierre et Bocca a Rete, les frères Gabioud et Renaud Joly cèdent du terrain, Jan Bozič en profite pour monter sur le podium qu’il ne quittera plus. La montée vers Bocca alle porte confirme le déclin des Gabioud et de Joly, pour le bonheur de Garault qui accroche la 4ème place. La descente de Bocca Soglia vers les Grotelle démontre l’agilité de Jeff qui en 30 minutes environ prend 9 minutes à Fred qui, pourtant, réalise le 5ème temps sur ce tronçon.

Lambert Santelli est venu accueillir ses deux amis aux Grotelle : « Après ce qu’ils ont fait pour moi, je suis fier que Jean-François et Fred soient devant. »

Il faut encore remonter au plateau d’Alzu, pour redescendre sur Corte par la vallée du Tavignanu, et les bénévoles requinquent les ardeurs défaillantes (demandez à nos amis suisses qui, de leur propre aveu, ne seraient pas repartis sans ces encouragements !). Ce tronçon ne bouleversera pas le général. Jean-François Hautin en profitera pour accroître son avance et finir en 16h40’ devant Fred Callier en 17h47’ (imaginez que seuls 4 coureurs ont fait mieux depuis le début).

Jean-François entre dans la légende du Restonica Trail sous l’œil du Babbu di a Patria

Jean-François Hautin nous présente le finisher UTC et le magnifique trophée conçu et réalisé par Etienne Albertini “Fiamone”
Fred Callier prend la pose pour Martin Boone qui a réalisé la plupart des photos de cet article.

Et chez les filles, me direz-vous, que s’est-il passé ? Dès le départ, c’est un trio groupé composé de Sandra Tapiero, Irina Malejonock et l’italienne Patrizia Pensa qui passe en tête à Padule devant Aurore Vallar et Peggy Monge. Jusqu’à Calacuccia, c’est un mano a mano entre Patrizia et Irina. Sandra, Peggy, Aurore et Christine Diruit sont en embuscade. Dans la montée vers Bocca Crucetta, Irina passe à l’attaque et prend une avance de 10 minutes sur Patrizia Pensa, elle va  quasiment doubler cette avance dans la descente sur Ballone. Suivent Sandra, Peggy, Dorine Paget et Aurore Vallar.

Irina Malejonock nous le confirme : Bocca Crucette, ça se mérite !
Mais après quel beau panorama pour redescendre vers Ballone
et dire qu’il faut regarder où poser ses pieds !

La remontée vers Bocca Foggiale et Ciottulu s’avère difficile pour Patrizia qui voir revenir Sandra sus ses talons. A Vergio, Irina vire en tête, 25 minutes devant Sandra, à 32 minutes Patrizia devant Peggy. Les autres concurrentes accusent un retard supérieur à 90 minutes. Si le secteur Vergio – Ninu n’apporte pas de changement, la montée vers Bocca Alle Porte est plus usante : Sandra se rapproche à 19 minutes d’Irina et Peggy revient sur les talons de Patrizia qui va payer ses efforts dans la dégringolade vers les Grotelle où elle va abandonner près de 20 minutes sur Peggy qui, du coup, monte sur le podium. Sandra s’est encore rapprochée d’Irina mais dans le secteur Grotelle – Corte, elles feront jeu égal et nous aurons un podium avec Irina Malejonock devant Sandra Tapiero et Peggy Monge. Patrizia Pensa conserve sa 4ème place devant Aurore Vallar et Dorine Paget qui a vécu un retour difficile sur Corte.

Ultra-Trail® di Corsica 2021 : le relais

Cette année, pour la première fois, l’ Ultra-Trail® di Corsica pouvait être couru en équipe. Quatre relais Corte – Calacuccia, Calacuccia – Vergio, Vergio – Grotelle et Grotelle – Corte, de longueurs sensiblement équivalente (autour de 30km) étaient à assurer, une formule qui a séduit les concurrents engagés. C’est le quatuor cortenais (Pompiers, réserve du Rotondu et AC Corte) qui s’impose dans la dernière ligne droite devant I Vecchji Gladiatori (un mix Corse – Savoie de la deuxième jeunesse) et  A Squadra Famiglia, un autre quatuor cortenais tous issus de la même famille. Pour ceux qui avaient joué le quinté, la 4ème place revient aux toulonnais Guy et ses drôles de dames et la 5ème au Team EDF-CMCAS.

A Squadra Famiglia

Toutes ces équipes ont pris un grand plaisir à courir dans des lieux et des conditions de course que le format de 30km ne permet habituellement pas de connaître. Sans parler de l’effet équipe sur la motivation, la stratégie sur le choix des relais à effectuer, tout un cadre nouveau pour le traileur !

Giru di Tumbone : la domination du team Scott France

Départ de la folle cavalcade

Vendredi 18h, la chaleur n’est pas encore tombée, mais ce n’est pas la canicule : de bonnes conditions de course ! Dès le départ, Hugo Altmeyer, le doyen à 29 ans de la délégation Scott France, masqué par les fumigènes à gauche sur la photo, prend le commandement de la folle cavalcade. A mi-course, il possède près d’une minute d’avance sur Richard Clavel et Axel Mondain. Louise Serban-Penhoat que l’on ne voyait pas sur la ligne de départ pointe à la 6ème place. Sur le chemin du retour, Hugo Altmeyer, avec autorité double l’écart avec ses poursuivants. Axel Mondain, 23 printemps, distance Richard Clavel, 22 ans  et signe là une très belle performance, il améliore son temps de 6 minutes et se positionne pour la prochaine édition. Louise Serban-Penhoat, 23 ans, finit 4ème, bonjour messieurs qui n’avaient pu que voir sa crinière flotter au vent de la course. Quelle belle jeunesse et quelle vélocité, mais aussi quelle belle vieillesse avec notre doyen habitué, François Adobati, 81 ans, qui boucle le circuit en 2h42, à 1 ou 2 minutes près, dans les mêmes temps qu’en 2018 et 2019.

Hugo Altmeyer
et dire que certains prétendent qu’en Corse, il n’y a que des cailloux !
Louise Serban-Penhoat
Axel Mondain en plein effort

Le Team Scott, avec des coureurs différents, garde la main sur cette course en remportant pour la 2ème fois d’affilée la victoire chez les filles et chez les garçons.

Restonica Trail : l’éclosion de Noël Giordano, la montée en puissance de Julie Marini

Un très grand coureur dans l’immensité d’un paysage

Déjà vainqueur à la Via Romana, au Trail Napoléon, à la Gravona sur des distances de l’ordre de 25 km, Noël Giordano met à profit tout le travail fait avec Lambert Santelli dans la préparation et l’accompagnement du record du GR20, pour éclabousser de sa classe le Restonica Trail 2021 alors qu’il n’a pas encore atteint 24 ans. Et, comme souvent, on mesure mieux la valeur d’une performance à l’aune du second qui n’est autre que Vincent Viet que l’on ne présente plus.

Vous avez l’impression que cet homme court un 68km ?

Noël, lié par un pacte de succès avec Lambert, Frédéric et Jean-François (si jamais il leur vient l’idée de faire un relais l’an prochain, il nous faudra réviser toutes les heures d’ouverture de PC), attaque d’entrée de jeu et vire en tête à Padule en 1h07, avec déjà 3 minutes d’avance sur Vincent Viet et 5 sur Guillaume Lenormand, une autre pointure pas forcément dans son meilleur jour. Un peu plus loin, on trouve Antoine Laine, Jonathan Perrier et Florent Maurin. Il n’y aura qu’un seul coureur à pouvoir revenir de l’arrière pour se mêler à ce classement. A noter la belle 9ème position de Julien Soler, catégorie Espoir avec ses 20 ans qui finira 11ème, une preuve supplémentaire d’une jeunesse corse particulièrement performante.

Vincent Viet profite d’une partie plus roulante

Au fur et à mesure des kilomètres, les écarts s’accentuent, Antoine Laine dans la montée de Bocca alle Porte accède au podium, Noël (tout comme Jean-François Hautin) profite de la descente vers les Grotelle pour accroître sensiblement son avance (+5 minutes sur ce secteur), Anthony Tassie, le millavois, 7ème à ce moment-là abandonne aux Grotelle, Jean-François Padovani qui s’était bien rapproché s’invite dans le top 6 entre Alzu et Corte.

Avec les bâtons, les bras sont de bons alliés !
Julie Marini est partie à l’assaut du Restonica Trail

Julie Marini et Livia Lorenzoni virent en tête au Padule, 7 minutes devant  Maria Semerjian, Audrey Bassac qui relève d’une fracture du pied et Aurélie Dujardin. Maria Semerjian, pourtant expérimentée paye ses efforts dans la montée et cède du terrain sur la partie roulante. A Ninu, Julie Marini compte 4 minutes d’avance sur Livia Lorenzoni et 10 minutes sur Audrey Bassac. Aurélie Dujardin pointe à 21 minutes et Maëlle Franceschi à 41. Une fois de plus, la montée vers Bocca alle Porte joue son rôle de juge de paix et Audrey Bassac revient à hauteur et dépasse Livia Lorenzoni. Maria Semerjian revient en 5ème position, place qu’elle gardera jusqu’au plateau d’Alzu avant de s’effondrer dans la descente vers Corte. Au final, après avoir remporté le Tavignanu Trail en 2019, Julie Marini monte en puissance et s’adjuge le Restonica Trail. Elle permute avec Emmanuelle Moracchini qui avait remporté le Restonica Trail et qui, cette année l’emporte sur le Tavignanu Trail. Elle précède Audrey Bassac et Livia Lorenzoni.

Tavignanu Trail : dans la tête des coureurs de tête

Départ du Tavignanu Trail

Pour les filles, nous avons coupé la course en 2 sections : Corte – Sega et Sega – Corte.
Les interviewées sont Flavie PERRIER (3ème féminine) et la gagnante, notre locale Restonica Trail, Manue MORACCHINI qui nous livrent leur impression, leur ressenti.

Flavie Perrier

Section Corte – Sega :

Un départ supersonique de Manue qui sème d’entrée tout le peloton des féminines, assez groupé. Pour ma part, je décide de partir tranquillement pour ne pas trop brûler mon énergie. Dans la dure montée de l’arche je me retrouve 10ème féminine.
Sans m’affoler je double trois concurrentes et j’effectue les 5 km de piste roulante avec une concurrente, nous passons ensemble à A Sega.
Je connais très bien le parcours, c’est ma troisième participation, j’ai de très bonnes sensations je sens que je vais pouvoir accélérer dans la deuxième partie de course…

Manue Moracchini

Section Sega – Corte :

Je passe à Sega avec une avance confortable sur mes poursuivants. Bien en jambes je décide d’attaquer dans la montée d’Alzu que j’effectue presque totalement en trottinant.
Arrivée au ravitaillement toujours aussi animé, je bois de l’eau un peu trop fraîche pour moi. J’ai déjà pu constater que le froid me réussissait moyennement, une fois encore, j’ai pu le vérifier dans la descente vers le Russulinu.
Mon allure chute sensiblement mais, passé le Russulinu, le soleil me réchauffe et mes jambes reviennent je peux cingler vers l’arrivée, la victoire me tend les bras.


Même procédé pour les garçons avec 3 secteurs : Corte – Boniacce, Boniacce – Alzu et Alzu – Corte, et donc, 3 coureurs : le local, Augustin VIENNE du Restonica Trail, le lauréat Guillaume COURIAS et Régis RICO qui finit 3ème. A vous de deviner qui dit quoi ?

Section Corte – Boniacce :

Mon ambition du jour : tout donner pour espérer un podium. Ne connaissant pas le parcours, je me positionne d’entrée derrière la tête de course.
Première difficulté, une montée sèche de 1400 m de D+, l’allure est régulière, pas trop rapide, je peux suivre sans me mettre dans le rouge. Nous sommes un petit peloton de 4 coureurs, avant Padule, Jacques Moretti place une grosse accélération et prend rapidement 2 minutes d’avance. Je décide de le rattraper, Régis Rico m’emboite le pas. L’effort est violent et nous sommes revenus dans la foulée du premier à Bocca Canaglia. La descente brève mais technique n’apporte aucun changement.
On trouve ensuite une piste roulante sur 5km. Bien préparé sur le plat, je peux dérouler, suivi comme mon ombre par Régis. Nous échangeons sur nos états de forme respective, pour ma part j’ai de très bonnes sensations en arrivant au pc de Boniacce.
Tout au long du parcours j’ai ressenti toutes les bonnes ondes transmises par tous les bénévoles, merci à eux !

Section Boniacce –Alzu :

Nous venons de passer le pc de Boniacce, je suis en cannes aujourd’hui. Nous avons basculé en direction de la Sega avec Guillaume Courias, la descente est rapide et technique. Nous arrivons à la Sega et sommes heureux de trouver de l’ombre et la fraîcheur de la rivière, hélas pas le temps de prendre un bain, la prochaine montée nous attends, je la connais bien, pas trop technique, bien raide, mais ses beaux lacets permettent de courir.
Nous sommes toujours ensemble avec Guillaume, la fatigue ne se fait pas encore trop sentir lorsque nous arrivons au plateau d’Alzu avec un accueil démentiel des bénévoles, c’est pour cela aussi que nous revenons tous les ans.

Section Alzu-Corte :

Très bien placé jusqu’à A Sega, les sensations étant bonnes, je décide de placer une accélération dans la montée et là, le moteur commence à avoir des ratés.
Un peu retapé au ravitaillement d’Alzu je replace une accélération dans la descente, hélas la griserie de la vitesse fait rapidement place à l’éloge forcé à la lenteur. Je n’ai plus de force, impossible de relancer mon corps ne veut plus forcer. Pourtant je ne suis pas dérangé par la chaleur, il fait plus frais que lors des éditions précédentes.
Des coureurs me double sans que je puisse réagir, je prends un petit bain rapide à Antia et je rejoins l’arrivée, je reviendrai plus fort la prochaine fois, je m’en fais la promesse.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *